Chers acteurs et actrices du milieu culturel du Bas-St-Laurent,
Nous vous interpelons aujourd’hui au sujet de l’importance de prendre une responsabilité collective quant à la culture du viol mise en lumière depuis quelques années au Québec et partout dans le monde. Depuis les grandes vagues #MoiAussi, plusieurs couches de silence ont été brisées. L’impunité commence enfin à s’effriter et ceux et celles qui croyaient pouvoir faire ce qu’ils voulaient du corps et de l’intégrité des autres sont de plus en plus remis en question. Un grand travail est nécessaire pour renverser la vapeur et instaurer un monde dans lequel la culture du viol ne va plus de soi. Nous faisons appel à vous parce que vous êtes des acteurs et actrices clés de ce changement. Nous souhaitons vous amener à vous questionner sur votre processus de sélection d’artistes et à vous positionner quant à celui-ci.
« La culture du viol est l’environnement social qui permet de normaliser et de justifier la violence sexuelle, alimentée par les inégalités persistantes entre les sexes et les attitudes à leur égard. La nommer est le premier pas à franchir pour la démanteler. » — ONU-Femmes —
Encore aujourd’hui, le domaine culturel est un milieu hostile pour les femmes. En 2023, elles sont encore sous-représentées sur les scènes musicales du Québec, nous ne vous apprenons rien ici. Choisir de mettre de l’avant des personnes reconnues judiciairement ou socialement comme violentes ne fait que renforcer cette tendance, enrichir les dynamiques sexistes et conforter la culture du viol. Lorsqu’une personne accusée d’agression sexuelle est accueillie lors d’un événement le message qui est lancé aux femmes est le suivant : votre sécurité nous importe moins que la carrière d’un homme. Le message lancé aux agresseurs est le suivant : continuez comme ça, vos actions n'engendrent pas de conséquences. Une question urgente se pose alors : est-ce vraiment le monde que l’art et la culture veulent créer pour nos jeunes, les femmes et les artistes ? Pour nous, l’heure n’est plus au statu quo face à ces enjeux. Perpétuer la culture du viol n’est plus une option.
Au moment de donner le bénéfice du doute et de programmer un artiste sur lequel circulent des allégations de harcèlement ou d’agressions sexuelles, rappelez-vous que les fausses allégations d’agression sexuelle ne représentent que 2 à 4 % des plaintes, soit la même proportion que pour l’ensemble des crimes de toute nature. Choisiriez-vous de programmer quelqu’un soupçonné d’un autre crime? Choisir de ne pas programmer un tel artiste, c’est accorder de l’espace au processus de guérison des survivantes. Laisser les artistes problématiques dans l’ombre, c’est aussi les inciter à prendre leurs responsabilités face à leur comportement.
Notre objectif n’est pas de gâcher la carrière de qui que ce soit ou d’exclure des gens. C’est au contraire de permettre l’inclusion et la sécurité du plus grand nombre, artistes et artisans, bénévoles, tout comme membres du public, en évitant les risques de violence et d’agressions.
Nous savons que plusieurs événements font déjà état d’une programmation responsable. Plusieurs mesures existent afin d’offrir des espaces plus sécuritaires. Il peut s’agir de réfléchir aux critères de sélection des artistes, d’adopter un code d’éthique applicable tant aux équipes d’organisation qu’aux déroulement des activités, ou encore de former le personnel pour reconnaître et intervenir sur le harcèlement et les agressions sexuelles. Par ailleurs, différents organismes ont déjà produit du matériel de sensibilisation sur diverses bonnes pratiques comme la consommation responsable ou la séduction et les interactions respectueuses. Si vous cherchez de l’inspiration, nous vous encourageons à partager vos questions et vos bons coups entre acteurs du milieu culturel. Nous avons hâte de voir vos engagements à l'œuvre.
Tout comme vous, nous avons à cœur le rayonnement de la créativité, du plaisir et de l’innovation. Nous célébrons les programmations qui démontrent leurs qualités tant artistiques qu’humaines. Ce que nous souhaitons, ce sont des environnements sécuritaires ou chacun.e peut s’amuser et s’épanouir sans risquer de subir des violences ou du harcèlement. Cela signifie des environnements exempts d’agresseurs où les autorités en place mettent sur pied des mesures pour prévenir les agressions et le harcèlement et intervenir de manière juste en cas de problème.
Sonia Palato, Agente de développement
Nathalie Bernier, Coordonnatrice générale
Table de concertation des groupes de femmes du Bas-St-Laurent
C.C.
Pascal Bérubé, député provincial de Matane-Matapédia
Maïté Blanchette-Vézina, députée provinciale de Rimouski et ministre responsable de la région du Bas-Saint-Laurent et de la région de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine
Amélie Dionne, députée pronvinciale de Rivière-du-Loup-Témiscouata
Mathieu Rivest, député provincial de la Côte-du-Sud
Maxime Blanchette-Joncas, député fédéral de Rimouski-Neigette - Témiscouata - Les Basques
Bernard Généreux, député fédéral de Montmagny - L’Islet - Kamouraska - Rivière-du-Loup
Kristina Michaud, députée fédérale d’Avignon - La Mitis - Matane - Matapédia